Tu l’as peut-être déjà vu en expo ou en boutique sans mettre un nom dessus : ces bols au charme brut, aux craquelures presque aléatoires, qui semblent sortir tout droit d’un rituel ancien… C’est du Raku. Une technique japonaise de cuisson céramique qui, franchement, ne ressemble à rien d’autre. Et qui, depuis quelques années, fait vibrer pas mal d’artistes céramistes en quête de sensations vraies et de gestes libres.
Mais pourquoi cet engouement aujourd’hui ? Et surtout, qu’est-ce qui rend le Raku aussi unique ? On a creusé le sujet. Et on est tombé sur des pépites. D’ailleurs, si tu veux voir ce que ça peut donner dans des mains contemporaines, jette un œil à https://milanarts.com : il y a des exemples bluffants de pièces Raku revisitées façon XXIe siècle.
Le Raku, c’est quoi exactement ?
Alors non, le Raku ce n’est pas un style esthétique figé. C’est d’abord une méthode de cuisson céramique ultra-particulière, née au Japon au XVIe siècle. À la base, ça servait à fabriquer des bols pour la cérémonie du thé, tu vois le genre, zen, sobre, ultra-sensoriel.
Ce qui rend le Raku spécial ? C’est son processus. On sort la pièce du four à très haute température (genre 950-1000°C) alors qu’elle est encore rouge incandescente – littéralement – et on la plonge direct dans un matériau combustible (sciure, paille, journaux…). Résultat : un choc thermique brutal, une réduction d’oxygène, et… magie. Des craquelures aléatoires, des nuances inattendues, des effets métallisés, enfumés, presque lunaires parfois.
Ça paraît fou ? Ça l’est un peu. Et c’est justement ce côté imprévisible qui séduit.
Pourquoi ça parle autant aux artistes d’aujourd’hui ?
Perso, je pense que c’est le côté « lâcher prise » qui touche. Dans un monde où tout est calibré, optimisé, contrôlé, le Raku t’oblige à accepter que tu ne maîtriseras pas tout. Tu prépares ta pièce, ok, mais la cuisson… elle a sa vie propre. Un peu comme une collaboration avec le feu et la matière.
Beaucoup d’artistes le disent : travailler le Raku, c’est se reconnecter au geste, au présent. À l’essentiel. Y a quelque chose de très sensoriel aussi. L’odeur de la fumée, le son de la pièce qui craque en refroidissant, la chaleur intense quand tu ouvres le four… C’est physique, presque chamanique par moments.
Et puis le rendu visuel, faut en parler. Tu peux avoir une même forme, cuite deux fois, elle ne donnera jamais le même résultat. C’est vivant, imparfait, profond. À l’opposé des productions industrielles trop lisses. C’est sûrement pour ça que des créateurs de tous horizons s’y mettent : potiers, designers, plasticiens… Le Raku dépasse les cases.
Et en pratique, on fait comment ?
Attention, c’est pas le genre de truc à faire dans sa cuisine. La cuisson Raku nécessite un four spécifique (souvent à gaz), en extérieur, avec toutes les précautions de sécurité qui vont avec. Et un bon masque, ça va de soi.
Il y a aussi une vraie courbe d’apprentissage. Rien que le dosage de l’émaillage, c’est tout un art. Trop épais, ça cloque. Trop fin, ça file. Et la sortie du four, c’est une chorégraphie à elle seule. On sort la pièce avec des pinces, on la met dans le seau à sciure, on referme pour créer la réduction… puis on laisse refroidir avant de nettoyer à la brosse. Le tout en espérant que le résultat soit au rendez-vous.
Mais c’est aussi ça qui plaît : le mélange de technique et d’intuition. De patience et de surprise.
Le Raku, une philosophie plus qu’une technique ?
On pourrait croire que c’est juste une mode, un effet de tendance. Mais non. Le Raku, c’est bien plus que ça. C’est une manière de penser la création. D’accepter l’accident comme partie intégrante de l’œuvre. D’aimer l’imperfection. Un peu comme dans le wabi-sabi, cette esthétique japonaise qui célèbre la beauté de l’éphémère et de l’incomplet.
Et à une époque où l’art devient parfois trop conceptuel ou trop virtuel, le Raku remet les mains dans la terre, le feu, le souffle. C’est brut, c’est chaud, c’est réel. Et franchement, ça fait du bien.
Envie d’essayer ?
Tu peux commencer par observer des pièces, te rendre à des expos, ou suivre un stage d’initiation (y en a un peu partout en France et en Belgique, souvent en été). C’est une super manière de découvrir si ça te parle sans investir direct dans tout le matos.
Et même si tu ne deviens pas céramiste du jour au lendemain, le Raku t’apprend un truc essentiel : lâcher prise, faire confiance au processus. Et ça, c’est valable dans la vie comme dans l’atelier.
Alors, tenté·e par l’expérience ?
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